J'ai d'abord tenté l'allumage un à un de chacun des PC XT de montage identique que je possède, en espérant qu'il y en ait quelques-uns où je n'ai rien à faire dessus mais fichtre non, ils sont tous handicapés, de pas trop grave à vraiment sérieux. On ne peut pas leur en vouloir, ils ont dû servir pour la toute dernière fois à l'aube des années 90. Ces tentatives d'allumage m'ont permis de poser un premier diagnostic et de choisir le plus "en forme" et de l'élire candidat (oui, même si cette expression te choque) à une première restauration.
Voilà les différents symptômes que j'ai pu rencontrer en allumant les PC : pas d'affichage, pas de boot, la mémoire vive non reconnue, pas d'accès au disque dur (là c'est pratiquement tous).
Et puis j'ai carrément eu une alim qui a sauté à l'allumage... Gros bruit de claquement qui m'a fait sautiller de peur.
Je précise qu'ils sont relativement propres à l'intérieur pour leur âge, y'a pratiquement pas une poussière à l'intérieur des alims, signe qu'ils n'ont pas dû servir énormément à l'époque.
En avoir plusieurs construits identiquement est une chance car cela permet de pratiquer le don d'organe chez soi, en toute décontraction et entre donneurs compatibles. J'espère ainsi réussir à en refaire au moins 3 sur 6.
Voici donc l'histoire compressée (ZIIIIP) du premier sauvé.
D'abord, il faut savoir que tout ce matos est littéralement tagué des initiales du lycée et d'un numéro d'identification. Ils auraient pu faire cela discrètement, mais non, en gros et en large au marqueur bien dégueulasse. Avec beaucoup d'huile de coude, j'ai tout essayé sur mon balcon pour effacer ces profanations :
- white-spirit : aucun effet
- alcool à brûler : aucun effet
- essence F : aucun effet
- ammoniaque : aucun effet
- acétone : euh... certes mais carrément trop forte en fait, ça dissous la peinture et les surfaces en plastique! Ce n'est pas ce que je veux.
Et puis j'ai retrouvé par hasard un détachant écologique à l'huile essentielle d'orange, le truc auquel tu ne crois pas du tout et là, mais merde ! ça marche! Avec énormément d'huile de coude tout de même mais ça marche.
Néanmoins subsistaient de vilaines traces fantômes sur le clavier (le seul que j'ai eu avec ces PC, le seul clavier, pas le seul fantôme. Mais non, y'avait pas tout plein de fantôme, oh, puis, tais-toi!) : les inscriptions manuscrites ressortaient en plus clair (le marqueur qui souillait le plastique l'avait aussi visiblement préservé du jaunissement -> conclusion : recouvre tout ton matos de marqueur noir indélébile pour les protéger du jaunissement!
Mais non, malheureux, ne fais pas ça!)C'est pourquoi j'ai fini carrément par le repeindre.
Pour ce faire, j'ai utilisé un petit rouleau à peindre acheté au rayon fournitures scolaires d'un grand magasin au nom de croisement de routes ancêtre du rond-point qui donne à la peinture une surface légèrement grenue imitant parfaitement la texture originale du plastique. Quant à la couleur, j'ai préparé un mélange d'acrylique. C'est excessivement long et difficile d'obtenir une couleur satisfaisante, sachant qu'avec l'acrylique, la couleur de la peinture sèche diffère toujours de celle de la même peinture fraîche. Je m'y suis repris à trois fois
j'ai peint le clavier trois fois!) pour composer une couleur crème (qui n'est volontairement pas la couleur d'origine du clavier, laquelle aurait beaucoup trop tranché avec celle des touches qui ont subi un jaunissement). Là, l'accord est juste parfait, et le résultat naturel.Bien sûr, concernant les touches, je l'ai ai nettoyées une à une à la brosse à dents et au produit vaisselle. J'ai d'ailleurs trouvé que la brosse à dents avait un goût différent le soir avant de me coucher.
Le PC que j'ai élu premier candidat à la restauration partait tout de même d'un bon pied : affichage OK, RAM reconnue, boote (sur disquette), lecteur de disquettes un peu capricieux au début mais bien ensuite. Le gros souci c'était d'avoir un disque dur fonctionnel. Pour cela je em suis rappellé qu'un autre PC - qui n'affichait rien - en avait un qui avait émis son petit twilili caractéristique d'un accès disque et dont la LED avait clignoté. Ce disque dur et sa carte contrôleur furent donc le greffon parfait que mon PC sur le billard accepta par la suite sans broncher.
Car, avant cela, j'ai démonté entièrement mon futur sauvé pour lui redonner sa propreté originelle. Je suis allé jusqu'à enlever toutes les puces de la carte mère (processeur, bios, modules de mémoire) et laver celle-ci à l'alcool à 90 puis nettoyée au liquide vaisselle au pinceau et enfin lavée à grandes eaux (une carte-mère dans la flotte ça peut faire peur, c'était la première fois que je le faisais) mais je savais que cela se pratiquait et bien fait, c'est sans risque. D'autant qu'une carte mère de PC XT est très rudimentaire. Après lavage, je l'ai égouttée un maximum puis mise au soleil avec un petit chauffage soufflant gentiment dessus puis je ne l'ai replacée dans le boîtier que 48 heures plus tard, pour être certain à 1000 pour cent qu'aucune humidité résiduelle ne subsiste (ce sont les ports ISA les plus longs à sécher).
Bref, je ne vais pas m'éterniser, je voudrais passer sans plus tarder un message à Gaëlle C., ou plutôt une question : as-tu réussi, grâce à ta missive d'un jour de février 1989, et à l'entremise d'un conseiller commercial, à prendre ton pied dans la chaussure en Finlande?
Et oui, les disques durs continuent de parler, trente ans après! (voir parmi mes photos d'écran ci-dessous).
Où l'on y trouve aussi une belle historiette sur "Dieu qui ordonne le Monde". J'suis pas fou, va voir les photos je te dis!
Bon du coup, j'ai coupé le récit de la restauration, mais on s'en fout, le principal c'est qu'en plus d'être tout propre, il marche à présent!
Je suis déjà passé à une autre machine.
